APPROCHES MEDICALES
Les principes de la mnémothérapie se déduisent des caractéristiques cliniques de la maladie d'Alzheimer. La maladie d'Alzheimer se caractérise cliniquement, dès le début et pour longtemps, par la perte de la mémoire consciente des faits récents qui ne sont plus encodés et stockés par l'hippocampe. C'est l'amnésie antérograde.
Tout se passe comme si le patient ne pouvait plus "prendre appui" sur un passé récent qui se "dérobe" pour se projeter vers un avenir qui le motiverait.
Plus de passé, plus d'avenir, plus de projets, plus de motivation, plus d'émotions : c'est l'APATHIE.
La conscience est présente mais semble vide. L'arrêt de l’encodage-stockage" agit comme un "arrêt sur image". Le flux spontané et continu de la pensée semble en panne. La "petite voix intérieure" semble éteinte.
Amnésie antérograde, apathie et vacuité de la conscience se conjuguent pour désespérer l'entourage et les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
Peu à peu chacun s'enfonce dans le renoncement pour les uns et dans l'isolement mortifère pour les autres.
ET POURTANT...
Un trésor persiste : l'immense mise en mémoire des épisodes autobiographiques anciens.
Malheureusement, ces souvenirs anciens sont difficilement accessibles à un rappel libre et volontaire du fait de la lésion des hippocampes. Toute remémoration volontaire du passé aboutit rapidement à un sentiment d'échec et à sa conscience douloureuse : c'est l'échec du rappel direct. C'est donc à mécanisme de rappel involontaire qu'il faut faire appel pour mobiliser cette mémoire des faits anciens.
COMMENT FAIRE ?
Il faut faire intervenir un stimulus "connu, imprévu, indicé". C'est à dire connecté à un réseau mémoriel épisodique dont il est constitutif (empreinte neuronale).
Le choc de l'imprévu, joue le rôle de déclencheur.
Le stimulus s'il est connu et connecté (indicé ou indiçant) peut alors activer et réveiller le réseau mémoriel épisodique auquel il était connecté : c'est le mécanisme du rappel indicé.
La nature de ce stimulus peut être sémantique ou sensoriel.
Chacun de nos 5 sens peut être utilisé comme stimulus déclencheur (à condition d'être "connu, imprévu, indicé").
La mnémothérapie tire profit d'une complémentarité heureuse :
- La reviviscence crée les conditions de la joie.
- La maladie d'Alzheimer crée les conditions de la reproductibilité de l'imprévu du fait de l'amnésie des faits récents.
- A chaque séance : même imprévu, même joie, même évocation heureuse spécifique/
Chaque séance peut être quotidienne du fait justement de l'amnésie antérograde.
INDICATIONS THERAPEUTIQUES
La mnémothérapie est indiquée dans tous les cas de la maladie Alzheimer ou maladie apparentée à partir du moment où il existe une amnésie des faits récents.
Les formes sévères sont souvent celles qui donnent les tableaux les plus spectaculaires.
L'existence d'une apathie est une très bonne indication : celle ci disparait comme par enchantement et laisse place à la joie.
Quant aux aphasies, il est important de noter qu'elles ne sont nullement une contre indication. D'une part parce que le langage corporel tient lieu d'expression et de communication, et d'autre part parce que les paroles retrouvées d'une chanson sont souvent chantées sans aucune difficulté.
L'anxiété ou l'angoisse de la solitude semble également une très bonne indication.
On peut noter que les effets de la mnémothérapie durent pendant toute la séance (au moins une heure) et que l'effet bénéfique se prolonge de façon manifeste toute la journée.
L'apprentissage par familiarité progressive des chansons et des praticiens peut permettre une modification importante de l'humeur qui réalise un véritable apprentissage du bonheur.
En revanche, il faut éviter autant que faire se peut les états psychiques d'inattention ou de somnolence parfois en rapport avec des traitements par neuroleptiques ou benzodiazepines.
Les syndromes confusionnels, les syndromes dépressifs majeurs et bien entendu les syndromes post-traumatiques sont des contre indications.